La coccidiose de la poule

Jérémie LEFEBVRE • août 05, 2022

Les coccidies sont des parasites fréquents chez les animaux de basse-cour, qui peuvent poser des problèmes de traitement en particulier chez les pondeuses. Retrouvez ici toutes nos recommandations !

Qu’est-ce que la coccidiose ?

Connaître la maladie est le meilleur moyen de la combattre.



Un parasite omniprésent

Les coccidies sont des parasites appartenant aux protozoaires, c’est-à-dire que ce sont des organismes constitués d’une seule cellule qui possèdent un noyau bien différencié, à l’inverse des bactéries. Ils sont d’ailleurs beaucoup plus gros.

Les coccidies en particulier appartiennent à de nombreuses espèces, plusieurs sont pathogènes chez les poules. Elles colonisent, selon l’espèce, divers endroits du tube digestif, donnant des inflammations et des nécroses.

Le plus important est de comprendre que ces parasites sont omniprésents : il est absolument normal de retrouver quelques oocystes (formes de contamination, sortes de spores) dans les fientes de poules, presque toutes les volailles sont porteuses de coccidies et en excrètent de temps à autres, mais ce n’est que dans certaines conditions que ce portage se transforme en coccidiose, c’est-à-dire une maladie due aux coccidies, et non pas simplement (ce qui est quasiment toujours le cas) un animal en bonne santé chez qui on retrouve des coccidies. Mais alors, qu’est-ce qui fait la différence ?

 

Les conditions de développement

La coccidiose se développe en fonction de plusieurs facteurs : le nombre d’oocystes ingérés, le statut immunitaire de l’animal, son âge, et tout ce qui peut affaiblir fortement et durablement le système immunitaire (fortes infections concomitantes, cancer, grand âge…).

En pratique donc, soit la coccidiose est secondaire à autre chose et n’est pas le problème, soit elle intervient chez des sujets jeunes (4 à 6 semaines d’âge), soit dans des élevages où les conditions sanitaires sont déplorables, ou bien où la densité d’animaux est très faible.
En effet, il y a 2 facteurs qui font qu’une poule adulte en bonne santé ne développera pas la maladie : 1) la réplication du parasite est limité par un nombre fixé de reproductions asexuées, et 2) l’exposition à une coccidie induit une réponse immunitaire très efficace qui protège largement l’animal.

Ma poule a la coccidiose, que faire ?

Donc maintenant que nous connaissons le problème, quelle est la solution ?



Confirmer le diagnostic

Comme nous l’avons vu précédemment, cette étape est indispensable. Trop souvent les vétérinaires voient arriver chez eux des personnes qui, de but en blanc, demandent un traitement contre la coccidiose pour leurs poules pondeuses « de jardin » qui ont la diarrhée.

Or, compte tenu des caractéristiques énoncées précédemment de ces parasites, il ne s’agit quasiment JAMAIS de coccidiose. Normalement, les poules « de jardin » sont des poules qui ont un espace suffisant pour ne pas être constamment dans les fientes de leurs congénères, et donc dans nos jardins, la coccidiose n’atteint pratiquement que les poussins de 4 à 6 semaines.

Les diarrhées de la poule ont de nombreuses autres causes : métaboliques, vers, infections bactériennes, etc…

Le vétérinaire effectuera donc une coproscopie sur des fientes fraîches afin de confirmer le diagnostic, et ce, d’autant que la délivrance de médicaments est interdite sans examen clinique.

La personne qui vendrait ainsi au comptoir un anticoccidien pour une pondeuse adulte sans examen clinique ou coproscopie serait donc à la fois hors la loi, mais également plus que probablement en train de vendre un médicament qui sera totalement inutile

 

L'environnement

Une des premières choses à faire en cas de coccidiose, c’est de vérifier l’environnement des animaux : l’eau doit être changée tous les jours, les mangeoires toujours propres, le poulailler doit être propre et sec. En effet, les oocystes de coccidies se trouvent au mieux dans les environnements humides et souillés. C’est l’heure du grand nettoyage !
Dans le même ordre d’idée, si les oiseaux atteints ne sont pas des jeunes, c’est le signe que la densité d’animaux est bien trop importante : trop d’animaux, pas assez de place, ce sont deux manières de voir les choses qui reviennent au même. Il est temps d’agrandir le poulailler pour la nuit, le parcours pour la journée, ou de limiter le nombre de poules.

Le traitement médicamenteux

Les anticoccidiens sont tous des médicaments sur ordonnance.

Il existe de nombreux compléments alimentaires « anticoccidiens » disponibles dans le commerce, mais pour l’instant ils sont nettement inutiles dans le traitement de la coccidiose clinique. Ils peuvent parfois être utilisés en prévention uniquement.

Il existe avec les médicaments réellement anticoccidiens très peu d’échecs de traitements en poulailler de jardin, et votre vétérinaire, après confirmation du diagnostic, pourra au mieux vous conseiller un produit adapté en quantité, en prix et en usage pour soigner vos poules – il est crucial de bien lui donner toutes les informations : presque tous les produits anticoccidiens sont en fait interdits chez la poule pondeuse en raison des résidus de médicaments que l’on retrouve pendant plusieurs mois, voire plus, dans les œufs.



La prévention

Les poules s’infestant essentiellement par les milieux contaminés, la prévention passe d’abord par l’hygiène, le nettoyage fréquent, l’aération du poulailler, en insistant particulièrement au cours de la période critique des 4 à 6 semaines pour les poussins.

Des compléments alimentaires « anticoccidiens », le plus souvent phytothérapiques, sont commercialisés. Ils utilisent le plus souvent des plantes dont l’utilité potentielle sur les coccidies a été démontré in vitro, et très rarement in vivo. Parmi ceux qui ont fait l’objet d’études sur des animaux vivants, les études montrent généralement une réduction de l’excrétion des oocystes, diminuant la pression infectieuse et donc les risques de maladies (mais à notre connaissance jamais pour guérir la maladie).
Malheureusement, il est rare sinon extrêmement rare de retrouver des compléments développés à partir de ces études…les compléments de ce type peuvent donc être essayés, ils sont rarement néfastes, mais il faut garder à l’esprit que beaucoup n’auront en fait que peu d’intérêt.

Et la vaccination ?

La vaccination en prévention est possible, elle existe, mais elle a de nombreuses limites qui font qu’elle n’est absolument pas intéressante en pratique. Tout d’abord, elle est conçue pour les grands élevages, au minimum 1000 doses pour un prix qui dépasse largement la centaine d’euros, voire atteignant les cinq cents euros selon les marques. Ce sont des vaccins qui sont conçus pour être administrés à l’aide d’un pulvérisateur particulier, dans un bâtiment fermé, à l’âge d’un jour, donc au couvoir en fait. Et finalement, chaque vaccin contient de 2 à 8 espèces de coccidies, n’immunisant en fait que contre les souches utilisées, et ne permettant pas de protection contre les autres espèces.

En conclusion

En guise de résumé sur le sujet, beaucoup de personnes, ne connaissant que le nom de la coccidiose, s’imaginent que toute diarrhée de poule est causée par la coccidiose, alors que c’est très rarement le cas en dehors des poussins de quelques semaines, même si toutes les poules sont considérées comme porteuses en permanence. Il faut donc confirmer l’infestation avant de traiter, mais c’est rapide et des traitements efficaces existent ; attention toutefois s’il s’agit de traitement sur des poules pondeuses.
Et finalement, l’hygiène et le nettoyage sont primordiaux, que ce soit en prévention ou pour soutenir le traitement anticoccidien.

Chien errant
par Jérémie LEFEBVRE 30 août, 2023
Cet article vous donne les clefs pour savoir que faire lorsqu’un animal (domestique ou sauvage) est trouvé errant ou blessé, ainsi que la problématique de l’identification .
par Jérémie LEFEBVRE 03 avr., 2023
Un peu de culture, en retour sur les chiens dans les textes romains
Papyrus Médical Ebers
par Jérémie LEFEBVRE 07 oct., 2022
Petit aperçu sur la médecine vétérinaire dans l’Égypte Ancienne....
Un heureux événement
par Jérémie LEFEBVRE 03 août, 2022
La gestation est un moment particulier de la vie d’une chienne : depuis la saillie jusqu’à la mise-bas et même la lactation, retrouvez nos conseils pour s’occuper de la mère et des chiots : échographie, radiographie, alimentation, calcium, vermifuge…
Lapin en bonne santé
par Jérémie LEFEBVRE 01 août, 2022
Cet article vous permettra de comprendre et d’anticiper les besoins de base du lapin de compagnie… quels sont les soins et l’alimentation à apporter, la prévention des maladies et les vaccins : diarrhée, constipation, problèmes dentaires.....
Share by: