La gestation chez la chienne

Jérémie LEFEBVRE • août 03, 2022

La gestation est un moment particulier de la vie d’une chienne : depuis la saillie jusqu’à la mise-bas et même la lactation, retrouvez nos conseils pour s’occuper de la mère et des chiots : échographie, radiographie, alimentation, calcium, vermifuge…

Attendre un heureux événement

Une gestation chez la chienne est un événement parfois non désiré (si c’est le cas, il est toujours possible, jusqu’à 28 jours après la saillie, de procéder à un avortement), mais qui peut être planifié afin que les conditions de l’accouplement soient les meilleures possibles, pour éviter les ratés, et surtout le stress que cela peut générer de répéter les essais infructueux.


La Saillie : à quel âge ?

La saillie, comme dans toutes les espèces, est totalement contre-indiquée avant la fin de la croissance. D’une manière générale, à part chez les chiens de très grande race chez qui il est préférable de commencer plus tard, l’âge le plus approprié pour une gestation est entre 2 et 5 ans. En effet, non seulement la fertilité baisse légèrement après cet âge, mais les risques de soucis de santé liés à la gestation augmentent, et avec eux, le risque de devoir recourir au vétérinaire.

Le cycle de la chienne

La chienne est un animal qui a un cycle très particulier, puisque, qu’elle soit saillie ou non, elle va sécréter des hormones de gestation pendant 2 mois, puis, à la suite de celles-ci, va présenter une phase où les hormones sexuelles sont au plus bas, dite anœstrus. L’anœstrus va ainsi durer au minimum 2 mois, et le retour en chaleurs revient après. Il peut donc s’écouler entre deux phases de chaleurs entre 4 et 10 mois, voire plus. Attention ! Les pertes de sang ne correspondent pas à la période de chaleurs, ou œstrus ! Elle sont le signe de la phase pré-ovulatoire ou pro-œstrus : celle-ci peut durer entre 3 et 21 jours, rarement plus et souvent environ 10 jours, mais l’œstrus, période où la chienne peut être saillie, arrive juste après la fin des pertes de sang, en quelques heures ou quelques jours. Pour préciser le meilleur moment pour la saillie, on peut ainsi avoir recours à des frottis vaginaux réguliers, ou des prises de sang pour doser la montée d’une hormone, la progestérone.


Conseils pratiques pour une saillie réussie

Pour qu’une saillie soit fécondante, le mieux reste de prévoir des visites au mâle, trois visites à 24 heures d’intervalle (certains préfèrent laisser la femelle sur place) - il est en effet démontré que les mâles sont souvent moins enclins à saillir correctement la chienne s’ils sont sortis de leur lieu de vie, tandis que les femelles sont moins regardantes.

Il est recommandé de prévoir le moment idéal, comme indiqué ci-dessus, par un suivi attentif, et surtout, il faut que la chienne soit en parfaite santé et en bon état d’embonpoint.

Enfin, notez bien les dates de saillie, ça peut servir !

La gestation en pratique

Vous retrouverez ici les grandes lignes d’un suivi de gestation pour permettre que tout se passe dans les meilleures conditions.



  • Quelques stades de gestation à connaître

    La gestation d’une chienne dure de 59 à 72 jours à partir de la saillie fécondante. Au cours de cette période, plusieurs phases sont à connaître.

    Entre 18 et 21 jours après la saillie se produit l’implantation. Les œufs (ovules fécondés) s’installent alors dans la muqueuse utérine.

    Ensuite se produira l’essentiel de l’organogenèse, c’est le moment où, à partir de cellules indifférenciées, les organes vont se former, jusqu’au 35ème jour, où on ne parlera plus de fœtus, mais d’embryons, car tout est là, depuis le cœur ou le cerveau jusqu’aux griffes.

    Les os vont ensuite se calcifier principalement jusqu’au 45ème jour, puis tout simplement les embryons vont tout simplement grandir et maturer jusqu’à la mise-bas.


  • Le suivi par palpation

    La palpation n’est pas une bonne méthode de suivi de gestation : en effet, les ampoules fœtales dans lesquelles se développent les petits sont palpables entre 25 et 35 jours, puis se ramollissent et sont peu discernables jusqu’à ce que les chiots aient atteint une taille conséquente, c’est-à-dire en fin de gestation. A aucun moment, il n’est possible de constater l’état de santé des petits, ni même de les compter avec précision.

  • Le suivi par échographie

    L’échographie peut être effectuée pour un diagnostic de gestation à partir de 21 jours, mais offre plus de possibilité à partir de 28 jours. On peut en effet à ce moment discerner certaines malformations, voir battre les cœurs et constater la vitalité des petits.

    La limite de l’échographie est que le comptage précis est impossible à effectuer avec certitude, car les petits, chacun dans sa petite poche, non seulement bougent, mais également peuvent se plier les uns autour des autres, ou avoir des positions biscornues, et ainsi il est fréquent de recompter plusieurs fois chaque fœtus.


  • Le suivi par radiographie

    La radiographie de gestation ne doit jamais être effectuée avant 45 jours de gestation, et ce, pour deux raisons : d’abord, lorsque l’organogenèse n’est pas complète, les rayons X peuvent perturber le développement normal de l’embryon, et de plus, avant 45 jours la calcification des os est trop partielle pour que la radio soit fiable.

    La radio permet surtout de compter les petits, afin d’être prévenus pour la mise-bas, et permet de constater les décès in utero de plus de 24 heures.

    A la clinique, nous préférons effectuer les radios au plus proche de la mise-bas, vers 55 jours, ce qui permet en outre de comparer la taille du crâne des chiots avec celle du bassin.


  • L’alimentation pendant la gestation

    Après la fin de l’organogenèse, les fœtus, comme nous l’avons vu plus haut, grandissent en taille et en poids, allongent leurs os, prennent du muscle…la mère va ainsi voir ses besoins alimentaires augmenter au point même de ne plus pouvoir suivre au niveau de son ingestion. Il est donc ainsi recommandé, durant le dernier tiers, d’apporter à la mère une alimentation beaucoup plus riche, notamment en énergie, mais aussi en calcium disponible, puisque le calcium est indispensable à la fois pour les os des chiots, pour la production de lait, et surtout pour les contractions utérines lors de la mise-bas. Ainsi, une chienne nourrie avec un aliment normal lors de la fin de la gestation peut très bien ne pas pouvoir expulser les petits par manque de calcium, voir faire une éclampsie, manque de calcium qui peut s’avérer fatal, souvent en lactation, mais parfois juste avant, après ou pendant la mise-bas.

    Il s’agit souvent d’aliments qui sont communs à la gestation, la lactation ainsi que le sevrage et la croissance des chiots, et qui peuvent être donné à volonté.

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  • Vaccins et vermifuges

    La protection de la mère est indispensable par vaccination, et le vermifuge est également important. En effet, non seulement les anticorps maternels seront la seule protection des petits contre certaines maladies gravissimes pendant leurs premières semaines de vie, mais ils sont également extrêmement sensibles aux vers, et vermifuger adéquatement la mère (et tous les autres animaux en contact) est crucial.

    En ce qui concerne les vaccins, il est recommandé que la mère soit vaccinée depuis moins de 6 mois. Il est parfaitement possible de vacciner pendant la gestation, le vaccin en soi n’étant absolument pas contre-indiqué, mais il existe un risque infime que la mère fasse une réaction indésirable et en soit affaiblie, compromettant la bonne santé des petits ou d’elle-même.

    Le vermifuge est administré idéalement une semaine avant la mise-bas présumée (à tous les animaux de la maison, idéalement), certains vermifuges étant prévus pour être administrables pendant la gestation ou la lactation et pas d’autres, demandez-nous conseil !


La mise-bas

La mise-bas est le moment qui est souvent le plus stressant, pour la mère comme pour les petits, et surtout les propriétaires. Pas la peine de paniquer ! Dans l’immense majorité des cas, c’est un moment de stress mais il n’y aura pas de souci ! Dans les autres cas, le vétérinaire vous viendra en aide : voici quelques conseils pour s’y retrouver.

Quel sera le jour de la mise-bas ?

La mise-bas, comme indiqué plus haut, a lieu 59 à 72 jours après la saillie fécondante, ce qui peut faire une grande marge d’incertitude s’il y a eu plusieurs jours de saillie. En calculant, on aboutit donc à un intervalle de dates prévues.
S’il est parfois possible de voir un relâchement des muscles pelviens et abdominaux, le meilleur moyen de voir venir la mise-bas est, à partir du 58ème jour, de prendre la température rectale de la chienne matin et soir : celle-ci va brutalement chuter d’un degré ou plus, annonçant le début de la mise-bas dans les 24 heures qui suivent.

Chiots

Le déroulement normal

La mise-bas se déroule en trois phases distinctes.

D’abord, la chienne s’agite, semble mal à l’aise, regarde parfois son abdomen, elle peut tourner en rond, déchirer et réorganiser son « nid »…cette phase dure le plus souvent entre 6 et 12 heures, mais peut aller jusqu’à 36 heures chez certaines primipares (les chiennes qui ont leur première portée) !

Lors de la deuxième phase, la température s’élève à nouveau, et les contractions commencent alors que le premier petit s’engage dans le bassin. Il peut mettre alors jusqu’à 4 heures à sortir.

Une fois sorti, la chienne le lèche, coupe le cordon ombilical, et l’utérus se met au repos pour 20 minutes à 2 heures (parfois jusqu’à 4 heures), avant de recommencer à faire sortir le chiot suivant.

La troisième phase consiste, une fois chaque chiot sorti, à expulser les enveloppes fœtales et le placenta.

Les conseils en résumé

- calculez bien les jours possibles de mise-bas

- une radio permet d’anticiper le nombre de petits

- prenez la température matin et soir

- lorsque la chienne commence à s’agiter, cela peut durer longtemps

- la chienne a besoin de calme, nul besoin de la sortir, de se mettre avec elle ou de vérifier constamment sous sa queue

- si une décharge vert/brun est sortie depuis 4 heures et qu’aucun chiot n’est sorti, appelez le vétérinaire

- s’il reste des chiots à sortir et que le dernier date de plus de 2 heures, appelez le vétérinaire

- si la chienne contracte son abdomen très fortement (au point de couper sa respiration) depuis plus de 30 minutes, appelez le vétérinaire

- une fois les petits sortis, la mère a besoin de calme et d’être seule avec ses petits, sauf si elle montre des signes d’agressivité envers eux

- si un petit ne bouge pas du tout plusieurs minutes après être sorti, frictionnez-le avec une serviette sèche et propre et appelez le vétérinaire

La lactation

Après la mise-bas, si la chienne semble bien malgré la fatigue, le mieux est de la laisser au calme. Il est normal pour elle d’avoir une température un peu élevée pendant quelque temps, tout comme des pertes vaginales qui peuvent durer facilement une semaine, voire plus. Il est important que la lactation se passe bien.



L’initiation de la lactation

La mère n’a normalement pas besoin qu’on l’aide à mettre les petits à la mamelle ; ceux-ci rampent d’ailleurs naturellement vers cette source de nourriture. Il faut donc simplement surveiller qu’elle ne les agresse pas.

Il est important de laisser l’aliment mis en place pendant la gestation (voir plus haut) durant toute la lactation, afin que la mère ait suffisamment de ressources pour produire suffisamment de lait.

Le mieux est de peser les petits chaque jour en début d’allaitement pour vérifier que tous mangent à leur faim, le lait permettant de parer aux deux menaces les plus importantes qui pèse sur le chiot nouveau-né : l’hypoglycémie et l’hypothermie.



L’évolution des petits et le sevrage en pratique

Les chiots ouvrent leurs yeux au 14ème jour ; si la nourriture de leur mère est accessible, ils commenceront à jouer avec durant leur 4ème semaine de vie, puis généralement la mangeront avidement vers la 6ème semaine de vie. C’est aussi simple que ça ! Il n’y a pas besoin d’intervenir dans le sevrage, ou de mouiller les croquettes, c’est totalement inutile, voire contre-productif.

…et pour finir

Un petit rappel : les chiots ne peuvent être cédés (vendus ou donnés), selon la loi française, qu’à partir de l’âge de 8 semaines.

Si l’usage veut en général qu’ils soient vaccinés, ce qui est obligatoire, c’est surtout qu’ils soient identifiés et examinés par un vétérinaire avant cession, qui délivrera un certificat d’examen vétérinaire approprié, attestant de l’état de santé du chiot lors de la visite.



Depuis le 1er Janvier 2016, une personne vendant un chiot doit être enregistrée en tant qu’éleveur à la Chambre d’Agriculture de son département (sauf si la portée est enregistrée au LOF et qu’il n’y a qu’une portée par an) !

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